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Ecrins de poésie
23 juillet 2012

Au bois

Huile sur toile d'après Monnet-KiKi-

Huile sur toile d'après Monnet - KiKi -

 

Il y a un chemin qui traverse une forêt plantée de sapins, de bouleaux, de frênes et de hêtres...je marche lentement à l'écoute du silence envahi par le bourdonnement des insectes, la trille de quelque pinson, le ti-witt de la mésange. 

Les clochettes de la digitale rose et les longues tiges supportant les corolles d'or du Doronic à grandes fleurs s'inclinent sur mon passage. La mousse vert tendre, le parfum de l'ombre humide, les hautes branches des arbres m'enveloppent et me font comme un manteau brodé de tendresse. Sur le bord du chemin, un crapaud s'est réfugié dans une cavité tapissée de mousse, je le surprends, je m'approche, il se recroqueville, terrorisé, pris au piège de ce refuge de mousse...

J'arrive au bord d'une clairière couverte de ronciers et de fougères...les hautes ronces, les fougères odorantes...J'ai dix ans.

Dans la clairière du bois d'Alliame, au bout de l'allée, mon grand-père attend, dos vouté, appuyé sur sa canne, son chapeau de feutre couvert des étrons récoltés dans son pigeonnier de colombophile. Il a entendu le coup de trompe qui annonçait le début de la traque, il voit dans la perspective de l'allée les chasseurs bien alignés qui attendent, sans bouger. Il entend au loin les cris et les coups de baton des traqueurs sur les ronciers et sur les arbres. Je suis avec eux, juchée sur les hauts fourrés de ronces et de branchages, je progresse difficilement. J'ai dix ans et la cruauté de l'enfance. Porte-carnier de mon père, ce jour-là je suis avec les traqueurs. D'habitude, je suis le plus souvent derrière eux, à chercher les champignons, à écouter le départ furtif de quelque bête dans le taillis et le chant du coucou, que le toc-toc-toc du pic vert accompagne. 

Un autre coup de trompe, c'était fini. Nous retournions à la maisonnette, mon grand-père était toujours mécontent. "Ces jeunes sont de piètres chasseurs !"

Ma grand-mère préparait le repas de chasse, auquel je participais, seule enfant de la tablée, attentive aux histoires de chasse, toujours les mêmes. En attendant, j'allais voir t'chot Douère, le traqueur, mon copain. Il sortait un sandwich de sa musette : une baguette de pain avec  à l'intérieur, des sardines, puis des pomme-de-terre à l'huile, puis du lard, du fromage et enfin de la confiture.

" Ech qu'y a dé miux, min t'chot fiu, ch'est de c'mincher par el bon bout !" ( le plus important, petite, c'est de commencer par le bon bout !)

 

 


 




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Commentaires
J
émouvant la résurgence de l'enfance. soleil à travers les nuages noirs d'orage.Marque la finitude annoncée.Les ombres des proches guide notre chemin.
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