Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ecrins de poésie
2 août 2012

Sylvain, le berger du Granon

 

 

sylvain 009

sylvain 001

 

Et la nuit est venue...

Vers 16h il était allé donner des soins aux brebis qui paissaient immobiles sur la pente herbeuse de la Grande Combe, les deux gros chiens Patous tout blancs aux aguets plus haut sur le chemin. Puis il avait emmené le troupeau vers le col du Granon. Il était resté près des bêtes jusqu'au soir, quand le soleil avait commencé à descendre derrière les Cibières, Alors il avait fallu déplacer le troupeau avec l'aide de Scott et Diane, ses deux chiens Border Collie, vers la cabane au fond de la combe. Dans un nuage de poussière, les 1500 brebis, les 4 béliers, les 2 chèvres et le bouc s'étaient dirigés sagement, en bêlant et en agitant leurs cloches, obéissant aux chiens bien dressés. Sylvain fermait la marche de son pas lent de berger, son grand bâton à la main. Maintenant, le troupeau était enfermé pour la nuit dans le vaste parc clôturé. 

Sylvain a préparé son repas, en pensant à cette journée de soleil, à la pelouse alpine parsemée de petites fleurs sauvages, à l'aigle royal qu'il a vu tournoyer dans le ciel au dessus de Roche Gauthier ; il avait levé la tête, alerté par son cri caractéristique : quel bonheur, ce grand rapace qui planait en tournant dans le ciel de cobalt, de plus en plus haut ! Les marmottes avaient sifflé pour prévenir leur famille du danger, et Sylvain avait vu l'aigle disparaître derrière la crête du Pasquier avec un peu de soulagement.

sylvain 033 Joubarbe étoilée

Il pensait au Grand Lac de l'Oule si bleu, qu'il avait contemplé tout à l'heure depuis le col en accompagnant les brebis, au sentier qui montait entre un pierrier et de gros rochers, aux larges prés marécageux semés de Linaigrettes avec leur duvet blanc, aux délicieux et minuscules jardins de rocaille harmonieusement colorés de jaune, de blanc et du rose si lumineux de la joubarbe étoilée, au grand vent qui s'engouffrait dans le col, et le rafraîchissait un peu, après la chaleur de la Combe. 

sylvain 005

sylvain 022

Oh ! Il n'a pas toujours fait si chaud et depuis qu'il s'est installé ici à la mi-juin, il a connu le gel, la pluie, l'orage et le vent...Il a dû faire du feu dans le petit poêle à bois en fonte. A côté de sa cabane sur une pierre il a déposé le nid de la famille Rouge-Queue qui s'était installée sous une poutre du toit, et qu'une rafale plus forte a projeté au sol : tous les oisillons sont morts, et les parents ont disparu. Et Sylvain sait bien que les rouge-queue sont les fidèles compagnons des bergers...

Il s'est dirigé de son pas lent vers le petit bassin de bois ou coule l'eau d'une source ; il a écouté le murmure de l'eau si pure, dans le silence de ce soir d'été. Puis il a retiré tous ses vêtements et s'est approché du Tepee installé devant la cabane où pend son "outre-douche". L'eau sortie de la source à 5° a mis 2 jours pour atteindre 15°...il s'est douché, le nez dans les étoiles...

La nuit, sous  le ciel mauve, dans la lueur de la pleine lune, une louve s'est approchée de la cabane, pendant que les Patous dormaient, le museau entre les pattes. Elle a fait le tour du chalet, puis elle a disparu par le Bois de la Combe, vers le Fort de Lenlon...

C'est la quatrième année que Sylvain vient de son village de Bayonvillers dans la Somme, pour garder les moutons de quelques éleveurs des Hautes-Alpes, de la mi-juin jusqu'à la fin de l'automne.

 

sylvain 018

 

.Toutes les photos dans l'album, colonne de droite


 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité