Le Crotoy, port du vent...
Le port du Crotoy-huile sur contreplaqué- 1973 - René Coulomb
Un port.
Un port tantôt de vie et de vent, tantôt de silence et de sable.
Chalutiers courageux, jetés dans les tempêtes
Marins impérissables, attentifs aux marées
Et aux colères hurlantes de Poséïdon.
Un sinistre fantôme s'avance sur la baie,
Le squelette éventré se dilue dans la vase
Il est la proue du port abandonné.
Alors on vous dira, admirez celui-ci, St-Antoine-De-Padoue
Qu'on croyait disparu, le voici bien repeint, tout éclat,
Tout bien neuf et joyeux, et tout prêt à bondir !
On vous dira : parfois ils accostent et paradent,
S'admirent dans le miroir
Quand le miroir est lisse
Que le sable se tait.
Et vous adorerez, les yeux sur l'horizon,
De petits voiliers blancs, au sifflement pointu
Les haubans vous diront qu'ils désirent la mer
Il y aura aussi le parfum des embruns au soleil
les sables déformés poliront le miroir
Du ciel lavé, de l'horizon de solitude,
D'herbes grasses et de ciel et d'oiseaux.
Il faudra l'écouter ce vent qui fait chanter le sable
Il faudra l'affronter, se pencher contre lui, et crier dans le grain,
Tourbillonner avec, le laisser pénétrer votre bouche de sel
Et vos yeux pleins de ciel
Et dans le soir tranquille il ira se lover contre les coques rugueuses
Tout près des grands bateaux, des flaques rutilantes, des mats
Qui lui murmureront la berceuse du large.
Le port où l'on revient toujours sera
Celui du vent.
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Ce poème a obtenu le 6e prix du concours d'écrits poétiques Jean-Claude Charles 2016 organisé par le Théâtre 7 de Nîmes...