Les bottes en caoutchouc kaki
Mes bottes en caoutchouc kaki étaient l'accessoire indispensable pour qui est né et vit en Picardie. Je les enfilais presque chaque jour pour aller au jardin, cueillir une salade, tondre la pelouse, sortir le chien, aller au courrier...
Randonner dans les chemins creux au milieu de l'immensité labourée,
Face à l'horizon tranquille, sous le grand ciel tourmenté
Fier de s'admirer dans les flaques d'eau claire
Que la boue ne pouvait plus absorber
Que la terre vomissait
Éructait et pleurait
A l'automne, à l'hiver
Au printemps, en été.
Je les portais quand j'allais
Marcher sur le sable fin de la plage
Contre les hurlements du large.
Je les portais dans la forêt avec mon panier au bras qui s'emplissait de bolets et de girolles. Je les portais dans les rues des villages salies par la boue des tracteurs, accompagnée du silence troublé par l'aboiement d'un chien ou le chant d'un coq, réveillés par mon odeur et le bruit caoutchouc de mes pas. Je les portais aussi avec mes jumelles, pour aller observer les oiseaux migrateurs nichant au Marquenterre, au printemps.
Le jour de mon déménagement, j'ai posé dans le camion, à côté des cartons et des valises, mes bottes en caoutchouc kaki. Elles m'ont suivie dans les Hautes-Alpes, se sont posées sur l'étagère, avec les chaussures de ski.
N'en ont plus jamais bougé...