Ouvertures
Boscodon (2)
Il y a dans mon dos entre mur et jardin, sous la charpente de mélèze cuivré,
des pas pressés sur les dalles, des pas lents de méditation, des pas posés délicieusement qui ne troublent pas le silence.
Il y a le silence dans mon dos, brisé par la lumière d'un rayon de soleil, qui sonne et réchauffe la pierre.
Et le chant glacial de la cloche vole en éclats d'airain.
Il y a en face de moi, limite du dedans et du dehors, sous le rectangle de ciel froid,
les cinq carrés de terre blanche, d'où jaillissent les touffes fanées des simples,
prises dans l'immobilité de la neige,
sauge, achillée, arquebuse et armoise, disparaissent un peu dans l'hiver.
Il y a la fontaine-tonneau où s'écoulent les quatre filets de lumière,
papotent et s'apostrophent et tombent dans l'or serti de glaçons sculptés infiniment,
matière d'eau sans cesse renouvelée et solide et immobile.
Il y a le rectangle de ciel, où s'envole la véritable écriture,
La sublime évasion.