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Ecrins de poésie
20 septembre 2014

Cécile Perin, les femmes aussi écrivent pendant la 1ère guerre mondiale.

Il n'y a pas que des soldats qui écrivent sur la guerre : des femmes s'émeuvent du massacre. Ainsi Cécile Perin appelle ses soeurs à la révolte.

 

Suzanne et Simone

 

Les femmes de tous les pays

Les femmes de tous les pays

A quoi songent-elles, muettes

Celles à qui la guerre a pris

Le bonheur ? Les femmes qui guettent

 

Les femmes de tous les pays,

O complices inconscientes,

Vous étouffez encore vos cris,

Vous êtes là, comme en attente.

 

Les femmes de tous les pays,

La voix meurt donc dans votre gorge

Quand ce sont vos hommes, vos fils,

Que l'on mutile ou qui s'égorgent.

Cécile Perin.

 

Cécile-Elisa Martin est née à Reims le 29 janvier 1877. Elle épouse Georges Perin qui est aussi poète. 

Le couple fréquent l'abbaye de Créteil (réunion de poètes). Cécile Perin est membre des "Poètes du divan", revue de littérature et d'art, et, par ailleurs, la seule femme admise dans cette assemblée. Elle prend plus, ou moins, position contre la guerre 14/18.

En 1956, elle reçoit le prix de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre poétique.

Elle meurt en 1959.

En 1911, elle écrivait la Paix :

Aube

Un invisible oiseau dans l'air pur a chanté.

Le ciel d'aube est d'un bleu suave et velouté.

 

C'est le premier oiseau qui s'éveille et qui chante.

Ecoute ! les jardins sont frémissants d'attente.

 

Ecoute ! Un autre nid s'éveille, un autre nid,

Et c'est un pépiement éperdu qui jaillit.

 

Qui chante le premier ? Nul ne le sait. C'est l'aurore.

Comme un abricot mur, le ciel pâli se dore.

 

Qui chante le premier ? Qu'importe ? On a chanté.

Et c'est un beau matin de l'immortel été.

*** 

Nuit

Sur la terre du jardin qui noircit les doigts

 La terre au parfum de sang

Après la pluie

Les gouttes d'eau s'écrasent

Dans l'air aux résonances noires.

Suzanne s'est penchée sur la terre

Au loin elle entend le canon qui gronde.

 

Sur la terre ouverte et noire

La terre souillée de sang

Après la bataille

Le fer rougi s'écrase 

Quand aux après-midi sonores 

Après le feu

Le silence encore tout chargé de cris

Poursuit la peur

Et les rêves en écho des soldats 

Qu'on dirait endormis.

Sylvie Damagnez

 *


 

 

 

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Commentaires
R
Ta grand-mère et sa cousine sont habillées avec des vêtements militaires, elles étaient engagées? Quel courage! La femme est l'avenir de l'homme dit la chanson...
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S
Sur la photo, on peut voir ma grand-mère Suzanne et sa cousine Simone...<br /> <br /> SylvieDam
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R
La guerre 1914- 1918 a été une véritable boucherie...Ce cauchemar n'a pas été suffisant pour éviter 1939-1945 et l'extermination programmée de millions d'hommes,bien d'autres conflits surgiront ensuite,de nos jours, cela continue toujours!!<br /> <br /> Je ne connaissais pas Cécile Perin, son implication, ses ouvrages de poésie.<br /> <br /> Merci Sylvie.<br /> <br /> Olivia.
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S
Merci pour ces auteures que je ne connaissais pas et merci et bravo pour ton très beau texte
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