Peindre des ciels
C’est le matin. Il est tôt
Un cirque de crêtes déchiquetées et blondes sur un ciel noir-bleu,
un peu de blanc de neige,
avec un saupoudrage de sucre roux d’épines de mélèzes.
Le ciel a besoin de cette peinture insolente. Il est si petit… Je le quitte.
Plus tard sur l’autoroute. L’horizon s’est déchiré et le ciel a pâli.
La fuite de l’asphalte traverse l’arrondi de la ligne, au fond
Les arbres filent avec les glissières de sécurité
Une station-service s’est arrêtée
Le vacarme des moteurs qui défilent
monte dans le ciel blanc qui s’en fout
Je les quitte encore.
l’autoroute et le ciel sans couleur
Une simple route musarde entre deux aplats de vert tendre.
Tout est grand et large et silencieux
Espace espace
Le vent
et ciel qui écrase
Quelques minuscules églises là-bas au fond
le ciel ici est en relief.
Il va du sol qu’on ne voit pas au sol qu’on ne voit plus
Tous les gris sont là sous le pinceau d’un Eugène Boudin
Tout est lavé, propre, avec une lessive spéciale couleurs
J’ai rendez-vous avec la mer qui a rendez-vous avec le ciel