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Ecrins de poésie
23 juin 2019

Les bruits où je vis

 

P1090138

 

 

Je me souviens de la cloche qui sonnait toutes les heures et les demies, jour et nuit sur l’autre versant à l’horloge des Hermes. Le jour où elle s’est tue, je n’ai pas dormi de la nuit.

Un soir de mai, chaque année, j’entends les bêlements et les sonnailles qui grimpent dans le chemin derrière la maison. Je pense que les mouches vont venir habiter chez moi pour tout l’été.

Je me souviens des chants des processions du Moyen-âge qui descendaient par les sentiers jusqu’à la chapelle Saint-Guillaume avec la main toute desséchée du petit berger dans une chasse en verre.

L’autre matin 5h j’attendais le premier chant d’oiseau. Silence. À 6h aussi. Ce fut une journée sans chant d’oiseaux. Je ne sais pas pourquoi. Rien dans le Dauphiné Libéré…

Quand on entend la sirène des pompiers, il ne faut pas longtemps pour que le chien du voisin hurle comme un loup.

Je me souviens du claquement régulier du mécanisme du moulin qui tournait avec la force de l'eau du canal... Meunier, tu dors, ton moulin va trop vite !

Je me souviens que j’étais surprise d’entendre parler italien dans les rues de Briançon, moi qui venais du nord. On est toujours au nord de quelque part...

Un frelon est entré bruyamment dans la cuisine. Je me souviens qu’il ne faut pas piéger les frelons.

Après un ou deux grondements polis, l’orage lâche lourdement une averse qui dégringole sur le toit en tôle. Elle enfle le torrent qui noie le canal en chantant.

Je me souviens, les samedis tondeuse, débroussailleuse, tronçonneuse...

Vivement l’automne que le torrent de voitures se calme et me rende le silence dont je me souviens...

Je me souviens du renard dans la nuit ; il répond en jappant à la hulotte et réveille les écureuils noirs dans leurs rêves...

Quand il fait très chaud, je convoque le vacarme du chasse-neige dans la rue à quatre heures du matin. Très efficace pour se rafraîchir.

Je me souviens du chant métallique de l'enclume sous les coups de marteau du forgeron et je me souviens du fer rouge qui pliait sous les coups. Je me souviens de la grande attention du forgeron. Presque de la tendresse...

20H38 : j’entends le train de nuit qui siffle vers Paris. Il ne s’arrête pas pour moi et je reste ici. Mais bientôt...

J’ai du dormir longtemps. Pas un bruit, pas même la cloche. La première chose que je fais en me levant c’est d'aller observer le silence feutré de mon jardin sous la neige.

 

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Commentaires
S
J'aime beaucoup !
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C
Joli ! La nature et les hommes se sont donné rendez-vous dans le silence et le bruit...
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