Errance d'été au bord du Guil.
1ère Encoche : La croisée des chemins
Un pont.
Avec son chemin de bois. Le pont sur le torrent, le torrent sous le pont,
La cascade sur le roc, le bloc errant dans le torrent, le torrent entre les falaises, l'arbre sur la falaise.
Une femme qui marche sur le sentier,
L'arbre au bord du sentier, qui se penche pour la suivre, émerveillé. Elle, elle suit, fascinée,dans le soleil d'août, la chanson douce du torrent.
La main du Titan, près de la cascade, l'échauguette au loin,curieuse...
De la musique, des couleurs,des espaces enchanteurs,
L'éternité...
Dans mon carnet de voyage
2ème encoche : le pont
Penchez-vous, n'ayez pas peur
Ouvrez vos coeurs à la chanson du Guil
Ni perspective sinueuse, ni falaise verticale
Tout au plus le flot du torrent sous le chemin de bois
3ème encoche : les blocs erratiques
Le flot puissant de la cascade a poussé les blocs de granit dans le lit du torrent. Des milliers de tonnes de roc ont fini au fond des gorges. La tragédie est accomplie. Plus d'espoir pour eux de retrouver leur falaise adorée. Blocs errant à jamais, étonnés et penauds, tandis que l'énergique cascade prend des airs de mariée fragile...
4ème encoche : l'arbre
Tombée sous le charme
Du tremble de la forêt
Suis-je la femme qui marche
Ou l'arbre qui me charme ?
A la source de la pensée
Quand le rêve s'écoule
Et brode d'écume les racines de l'arbre.
5ème encoche : la chanson du torrent
Non content d'occuper toute la place du lit, il envahit mon espace sonore. Il enchante par ses murmures puissants mon désir de musiques.
Les résonances graves de ses percussions rythment la basse continue de ses bavardages liquides. Ses aigus émouvants chantent la mélodie en mode mineur,
Symphonie infinie, changeante et fidèle.
6ème encoche : falaise et cascade
Paroi verticale
Puissance du flot
Eau qui s'envole au soleil
La falaise blonde
lâche ses tulles blancs
Mariage d'été
Falaise rempart
Pensées ressourcées
Fugue liquide
7ème encoche : le géant et la main du Titan
Il était une fois un géant de pierre surgi du Magma dans la lave, le feu et la fumée. Ses yeux rouges lançaient des éclairs, sa voix de tonnerre faisait trembler la terre jusqu'aux confins du Queyras. Il régnait ici sur toutes choses, et tout un chacun le craignait.
Le temps passa ainsi, dans la fureur et le feu. Un soir la pluie se mit à tomber ; il plut pendant des jours et des jours, le feu de la terre et la colère du géant s'éteignirent enfin, vaincus.
L'eau monta, monta, inondant toute la vallée. On ne vit bientôt plus les arbres, on ne vit bientôt plus les falaises, de redoutables torrents dévalaient la montagne, chargés de pierres et de troncs d'arbres arrachés sur leur passage.
Le géant à son tour, sentit l'eau l'ensevelir, il leva les bras au ciel dans un dernier sursaut, et périt noyé.
On ne voit plus aujourd'hui que ses deux bras et sa main gauche, émouvants dans leur immobilité de roc usé.
Plus bas la cascade qui plongeait dans le torrent, faisait sa vamp, avec des ondulations de danseuse aux voiles blancs...