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Ecrins de poésie
23 octobre 2014

Le cheval-soldat / The Soldier-Horse

monument_anglais 

Monument britannique à Chipilly (Somme) qui commémore les combats livrés dans ce secteur par la 58e division britannique, les 8 et 9 août 1918, lors de la bataille d’Amiens.

*

British monument at Chipilly (Somme) which commemorates the fighting in this sector by the British 58th infantry division on 8 and 9 August 1918, during the battle of Amiens.

  (Henri-Désiré Gauquié, sculpteur)

 *

Le cheval-soldat

Le cheval-soldat s'est couché 

Le cheval-soldat va mourir

Dans les bras du soldat dévasté.

Et toute la cruauté de la vie,

Et toute la pitié du monde

Et toute la compassion

Passent dans les yeux du soldat

Et le cheval a peur

Pour la première fois

Il a peur

Il a connu la gloire de l'offensive

Les galops fous dans la plaine

Le courage du soldat sur son dos

Il a connu le feu et les honneurs

Jamais il n'a eu peur.

Alors un cheval-canon lui a ri au nez

Et comble de l'humiliation

On l'y a attelé

Il a tiré même la cantine.

Devenu cheval de trait

Les flancs blessés par les charges

Il a traîné les ambulances

Les hommes sacrifiés

Immolés

On l'a frappé pour qu'il avance

Et toujours il a avancé

Ce soir il va mourir

Trop c'est trop 

Il n'ira pas plus loin.

Il meurt dans les bras

Du soldat dévasté 

Qui lui parle une dernière fois

Des vertes prairies d'Angleterre

Du vent qui siffle dans sa crinière

Du grand ciel et du chant des ruisseaux

Des galops sur la plage,

Une dernière fois.

 ***

The Soldier-Horse

The soldier-horse is down

the soldier-horse will die

in the arms of the devastated soldier.

And all of life's cruelty,

and all the pity in the world

and all its compassion

show in the eyes of the soldier

and the horse feels fear.

For the first time

he is afraid. 

He has known glory in the charge 

of mad gallops on the plain,

the courage of the soldier carried,

known full fire and fanfare

and never felt the fear.

When a canon-horse passed with a snort,

height of humiliation,

he was harnessed

made event to cart a canteen

became a work-horse.

Flanks wounded by weight

he pulled cart-loads of

burnt sacrified men.

Always whipped to move on

always he moved on.

This night he will die

enough is enough

he will go no further

He dies in the arms 

of the devastated soldier

who whispers one last time

of green meadows of England

of wind that whistles through the mane

of wide sky and song of stream

of gallops on sand

one last time.

*

Traduction : Susanne Henderson-Smyth

 


 

 

 

 

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Commentaires
Y
Le cheval, c’était notre compagnon, notre ami ; il nous a certainement, à plusieurs reprises, sauvé la vie, par sa vitesse si nous étions poursuivis, mais aussi par son instinct ; quand nous marchions de l’avant en éclaireur, il décelait plus vite que nous le danger ou ce qu’il croyait en être un, devenait nerveux, pointant l’oreille droite ou gauche en direction de ce danger et nous mettait en garde. Emilien Berton (7è Hussards). Merci beaucoup pour votre très beau poème - Yves
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G
J'ai particulièrement apprécié ce beau, poème qui honore notre plus vieil ami le cheval qui a joué un rôle important auprès des hommes engagés dans de cette HORREUR, mais parfois trop oublié comme d'ailleurs celui effectué par d'autres familles d'animaux ! BRAVO. Je l'ai découvert sur le site RICHESSES EN SOMME - Monument de CHIPILLY- où parfois je participe en y proposant des photos sur le patrimoine insolite pas toujours discerné mais en observant plus sérieusement on le découvre comme tu le fais lors de promenades,moi dans notre belle SOMME. Un Picardisant du VIMEU-PONTHIEU.<br /> <br /> ( MIchel MACHIN a été Principal ds notre collége Charles BIGNON .) <br /> <br /> GéGé d' Oésemont
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S
Très émouvant ton poème. L'horreur de la guerre. Et dire qu'il y a tant d'endroits sur notre planète où cette horreur perdure ! Bonne journée.
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