Le cheval-soldat / The Soldier-Horse
Monument britannique à Chipilly (Somme) qui commémore les combats livrés dans ce secteur par la 58e division britannique, les 8 et 9 août 1918, lors de la bataille d’Amiens.
*
British monument at Chipilly (Somme) which commemorates the fighting in this sector by the British 58th infantry division on 8 and 9 August 1918, during the battle of Amiens.
(Henri-Désiré Gauquié, sculpteur)
*
Le cheval-soldat
Le cheval-soldat s'est couché
Le cheval-soldat va mourir
Dans les bras du soldat dévasté.
Et toute la cruauté de la vie,
Et toute la pitié du monde
Et toute la compassion
Passent dans les yeux du soldat
Et le cheval a peur
Pour la première fois
Il a peur
Il a connu la gloire de l'offensive
Les galops fous dans la plaine
Le courage du soldat sur son dos
Il a connu le feu et les honneurs
Jamais il n'a eu peur.
Alors un cheval-canon lui a ri au nez
Et comble de l'humiliation
On l'y a attelé
Il a tiré même la cantine.
Devenu cheval de trait
Les flancs blessés par les charges
Il a traîné les ambulances
Les hommes sacrifiés
Immolés
On l'a frappé pour qu'il avance
Et toujours il a avancé
Ce soir il va mourir
Trop c'est trop
Il n'ira pas plus loin.
Il meurt dans les bras
Du soldat dévasté
Qui lui parle une dernière fois
Des vertes prairies d'Angleterre
Du vent qui siffle dans sa crinière
Du grand ciel et du chant des ruisseaux
Des galops sur la plage,
Une dernière fois.
***
The Soldier-Horse
The soldier-horse is down
the soldier-horse will die
in the arms of the devastated soldier.
And all of life's cruelty,
and all the pity in the world
and all its compassion
show in the eyes of the soldier
and the horse feels fear.
For the first time
he is afraid.
He has known glory in the charge
of mad gallops on the plain,
the courage of the soldier carried,
known full fire and fanfare
and never felt the fear.
When a canon-horse passed with a snort,
height of humiliation,
he was harnessed
made event to cart a canteen
became a work-horse.
Flanks wounded by weight
he pulled cart-loads of
burnt sacrified men.
Always whipped to move on
always he moved on.
This night he will die
enough is enough
he will go no further
He dies in the arms
of the devastated soldier
who whispers one last time
of green meadows of England
of wind that whistles through the mane
of wide sky and song of stream
of gallops on sand
one last time.
*
Traduction : Susanne Henderson-Smyth