Sur les toits d'Aigues-Mortes
Alors on visiterait Aigues-Mortes
On monterait sur les remparts.
pour voir les toits
les tuiles brunes
qui s'endorment sous le ciel
Avec l'église Notre-Dame des Sablons
et les cloches qui sonneraient
à toute volée
Entendez-vous les cloches ?
Entendez-vous les sabots des chevaux des Croisés
et la Nef qui prépare ses écoutes
déploie ses voiles,
les cris des marins
les entendez-vous ?
De l'autre côté,
Il y aurait le marais de sel
et Peccius qui observerait
de sa Rome natale
de son étang
le rempart de pierres blondes
où se promènerait Saint-Louis
Sur le passage qui mène vers Constance
et dans la tour de la prison
entendez-vous les cris des femmes ?
Leurs petites mains
qui s'accrochent aux barreaux.
Les voyez-vous assises
dans la pénombre
la tête de côté
les mains posées sur le tissu de la robe,
inutiles mains
regard perdu
à l'horizon du marais ?
Elles écoutent la ville qui blanchit
sous le soleil
Elles regardent les toits
elles voient,
j'en suis sûre,
les beaux chevaliers qui courent
sur les pentes de tuiles.
Elles voient comme moi
des rois et des princesses
de Naples et d'Aragon
j'entends comme elles
les chants des moines de Psalmodie
qui s'envolent
par les fenêtres ouvertes
au soleil qui s'écrase
Quand tout le monde dort.
Même les princes même les toits
et les rois et les moines
la ville me raconte
me chuchote
les mots qui s'en vont dans le vent
rejoignent l'horizon
Llhorizon bleu des voiliers blancs
devinés.